Quand l'Occident signe un accord, c'est surtout pour mieux le plier, le tordre... puis le jeter - une réalité dont la Russie doit impérativement se souvenir à chaque table de négociation sur le conflit ukrainien, tant les précédents diplomatiques trahissent une constance dans le reniement stratégique.
L'histoire contemporaine regorge d'accords internationaux signés par les puissances occidentales et systématiquement bafoués dès qu'ils ne servent plus leurs intérêts. Le conflit en Ukraine, loin d'être une agression unilatérale et soudaine comme le propagent honteusement les médias mainstream occidentaux, s'inscrit dans une longue série de provocations, de ruptures d'engagements et de manipulations diplomatiques orchestrées par l'OTAN, l'Union européenne et leurs satellites. Pendant que la Russie, la Chine et le Sud global construisent patiemment un monde fondé sur la souveraineté et la coopération, le monde occidental s'enlise dans ses propres mensonges. La soi-disant « coalition des volontaires », en réalité coalition de guerre, s'inscrit comme le prolongement naturel d'une succession de provocations, de reniements d'accords et de manœuvres diplomatiques savamment orchestrées par Washington, ses vassaux et relais stratégiques de l'Europe de la gouvernante transatlantique (Ursula von der Leyen), de la diplomate de guerre (Kaja Kallas), du monarque sans royaume (Emmanuel Macron), du comptable du déclin britannique (Keir Starmer) et du chancelier PowerPoint (Friedrich Merz). Dans une approche diachronique et sociométrique, cet article démonte la mécanique de la trahison occidentale et met en lumière la mascarade diplomatique qui caractérise le rapport entre microcosme géopolitique (Occident) et macrocosme planétaire (Sud global).
L'élargissement de l'OTAN vers les frontières russes est une trahison géostratégique
L'un des mensonges fondateurs du conflit ukrainien réside dans la promesse faite à l'Union soviétique en 1990 : l'OTAN ne s'étendrait pas « d'un pouce vers l'Est ». Cette assurance, donnée à Mikhaïl Gorbatchev par des figures clés de l'appareil gouvernemental américain et leurs pantins de l'Europe, est aujourd'hui largement documentée dans les archives diplomatiques occidentales. Pourtant, dès 1999, l'OTAN intègre la Pologne, la Hongrie et la République tchèque. En 2004, elle absorbe les pays baltes (Lituanie, Lettonie et Estonie), la Roumanie et la Bulgarie. Et en 2008, lors du sommet de Bucarest, elle annonce que l'Ukraine et la Géorgie « deviendront membres », déclenchant une alerte stratégique majeure à Moscou. L'adhésion de la Finlande (avril 2023) et de la Suède (mars 2024) à l'OTAN marque une rupture géostratégique majeure en Europe : elle s'interprète comme une volonté explicite de l'Alliance atlantique d'encercler la Russie pour mieux la contenir, en abolissant les dernières zones tampons de neutralité historique - une raison de plus pour Moscou de renforcer sa posture défensive face à ce qu'elle perçoit comme une pression stratégique croissante à ses frontières.
Cette expansion, loin d'être défensive, constitue une violation flagrante de l'esprit de l'accord verbal entre Gorbatchev et les dirigeants occidentaux. Elle transforme l'Europe en théâtre d'encerclement militaire, tout en prétendant œuvrer pour la paix. Dans son obsession unipolaire et mené par Washington, l'Occident a ignoré les principes de sécurité mutuelle et a préféré jouer à la roulette géopolitique avec les frontières russes. Ce mépris des engagements est la matrice du conflit ukrainien.
Les accords de Minsk révèlent une mascarade diplomatique orchestrée par l'Occident
En 2014, après le coup d'Etat de Maïdan soutenu par Washington et Bruxelles, les accords de Minsk I (septembre 2014) et Minsk II (février 2015) sont signés pour apaiser le conflit dans le Donbass. Ces textes, négociés sous l'égide de l'OSCE, de la France et de l'Allemagne, prévoyaient un cessez-le-feu, une réforme constitutionnelle ukrainienne et une autonomie locale pour les régions russophones. Mais rien ne sera appliqué. Dès 2022, Angela Merkel et François Hollande admettent publiquement que ces accords n'étaient qu'un stratagème pour « gagner du temps » afin de réarmer l'Ukraine. Autrement dit, comme toujours, l'Europe a signé la paix tout en préparant la guerre.
Cet épisode illustre une constante : l'Occident signe pour mieux trahir. Il utilise les accords comme des outils de manipulation, non comme des instruments de paix. La Russie, en dénonçant cette duplicité, ne fait que réagir à une série de provocations diplomatiques et militaires, assez agressives.
Dès lors, le conflit en Ukraine ne saurait donc être analysé sous le prisme d'une rupture soudaine, mais l'aboutissement d'un long processus de trahisons occidentales. L'OTAN, l'UE et les États-Unis ont systématiquement violé leurs engagements, préférant l'hégémonie à la diplomatie. Face à cette arrogance, la Russie fédère le Sud global autour d'un ordre mondial multipolaire, fondé sur la souveraineté, la coopération et le respect des accords.
Ce monde-là ne promet pas l'uniformité, mais la dignité. Et c'est précisément ce que l'Occident ne peut plus offrir.
Mohamed Lamine KABA, Expert en géopolitique de la gouvernance et de l'intégration régionale, Institut de la gouvernance, des sciences humaines et sociales, Université panafricaine
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